27.3.05

Bergen-Belsen

Rapidement, en vingt-quatre heures seulement, nous sommes arrivés - non pas près de Vienne, mais près de Hanovre, au camp de Bergen - Belsen, où sont déjà concentrées environ 80.000 personnes. Des Hollandais, des Belges, des Polonais, des Russes, des pauvres juifs étoilés, divers prisonniers marqués d’étoiles diverses.

On vient de nous installer dans de grandes baraques avec des lits superposés sur deux étages. Les cours sont pleines de sable et entourées des fils barbelés, séparées même l’une de l’autre par des espaces vides. 100 à 150 personnes vivent et dorment dans chaque baraque dans un bruit sans fin.

Nous lavons, séchons et faisons la queue pour nous alimenter selon un ordre du jour. Le matin, nous devons faire l’Appel, en rang de 5, quelquefois nous attendons des heures trempés sous la pluie, plusieurs milliers pour que les surveillants nous comptent.


De Vienne, ils ont demandé nos cartes où l’immigration figure et ils ont aussi demandé la liste des familles de Kasztner et Brand, les deux organisateurs. Laci n’a pas réussi à nous inclure, même comme famille plus éloignée.

Quelques-uns, connaissant la Palestine en parlent. On fait des cours de gymnastique, d’anglais et d’hébreux, etc. On essaie de garder courage. Nous sommes peu sûrs de notre sort. Entre temps, les aliments apportés de maison disparaissent avec une vitesse angoissante.

Tous ont peur, pourtant il paraît selon les nouvelles qui arrivent à travers la cuisine, que nous sommes avantagés, entre autres, parce qu’il y a deux femmes de l’hôpital juif de Kolozsvàr cuisinant séparément pour nos malades. Nous avons reçu quelquefois même un peu de saucisson et déjà deux fois de la viande dans le légume.

Le matin est le soir nous recevons du jus noir, amer, à midi à notre grande joie un légume inconnu par nous et difficilement digérable, sans sel et sans goût (queue d’oignon et carotte rave domine dedans). Les enfants et les malades reçoivent par contre du lait, semoule, soupe d’avoine et chacun a trois fois de la margarine, de la confiture de temps en temps. Il paraît que nous sommes privilégiés.

Pour nous, c’est très très difficile à supporter. Beaucoup tombent malade, mal à la gorge et toux, diarrhée et autres maladies. De plus en plus de malades. Les trente à quarante docteurs entre nous sont fort occupés.

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