27.3.05

Caux, avril 22 1945

Il y a eu des semaines merveilleusement belles et j’ai manqué de temps pour consigner mes impressions. Des jours pleins de soleil de printemps que nous avons essayé d'utiliser à plein, les quelques heures qu’on avait en à notre disposition, après avoir accompli nos travaux journaliers (laver, repasser, nettoyer, laver la vaisselle).

Ceux qui sont au-dessous de 60 ans, en plus du service de chaque jour, doivent faire aussi tous les travaux de l’hôtel, mais tout resplendit ici de propreté dorénavant et le camp de rescapés de Caux est considéré comme le mieux tenu quoiqu’il y a un fort pourcentage d'intellectuels, des gens qui ne se sont pas occupés de tout ça auparavant.

En grand partie, c'est dû au bon vouloir et à la compréhension bienveillante du responsable. Hermann Dezsö "commandant" enthousiaste, plein de bonne volonté et aussi débrouillard, notre responsable nouvellement élu après la libération de l’ancien, a réussi à obtenir beaucoup de choses de notre commandant qu’on ne réussissait pas avant. L’alimentation s’est améliorée un peu, les aliments principaux (le lait, le café, le sucre, le beurre, le fromage, les rations de marmelade), sont distribués selon les règles ; on a enfin la possibilité de se laver, de laver, de faire la vaisselle et des endroits pour les effectuer.

Quoique’on ait de fantastiques salles de bains, les robinets des baignoires ont été fermés et nous ne pouvons prendre une douche que deux fois par mois, sinon nous apportons de l’eau chaud avec des seaux pour nous laver et nous nous « baignons » dans les lavabos. Nous avons réussi aussi à obtenir beaucoup de liberté.


Il y a beaucoup de mouvement et d’inquiétude à l’intérieur de la vie d’un camp. De moins en moins de gens restent.

D’abord, on a commencé à mettre les enfants dans des internats. Certains parents donnent leurs enfants dans des internats pour les préparer à aller en Palestine, des institutions juives, tenus par IHUD ou SOMER. Les parents mettent pendant deux ans leurs enfants là pour les éduquer, ils y sont élevés sans frais pour devenir de bons travailleurs enthousiastes futurs en Palestine, on leur donne tout ce qui est le meilleur et ils vivent dans une communauté idéale déjà là, les enfants deviennent des travailleurs intelligents, entiers et aussi de bons juifs.

Après beaucoup de soucis et réflexion Anna voulant partir elle aussi en Palestine, a mis ses filles dans un tel internat. Beaucoup d’anxiété, de crève-cœur (il faut se séparer des enfants pour deux années entières) et beaucoup de travail pour les préparer, finalement, leurs vêtements reçus de la Croix-Rouge beaux au moins beaux ont été réparés par leur mère très habile proprement et soigneusement.

La semaine avant leur départ, Anne ou moi avons emmené les enfants en diverses excursions pour qu’il leur reste des beaux souvenirs de ces temps. J’ai été avec eux à Montreux, nous sommes allé à une pâtisserie et au cinéma ; j’ai été séparément avec Suzanne à Villeneuve, une petite ville charmante à côté de Lac Leman, renommé par ses maisons restées tel quel depuis le XV - XVI - XVII siècle.

Nous nous sommes promenés sur la rivière de lac de Genève et nous avons admiré le château de Chilon, aménagé comme à l’époque, utilisé en grand partie comme musée. Sur l’un des piliers de sa cave Lord Byron a gravé son nom. L’emplacement est très intéressant avec sa construction qui s’étend au-dessus de l’eau. De là nous nous sommes allés plus loin, à Terit puis avec le téléphérique entre des jardins-rochers splendides nous sommes retournés en huit minutes à Glion .


La végétation de Suisse est étonnante.À côté des sapins rigides des grandes montagnes et des mousses, fleurissent, resplendissent les végétations les plus belles de sud. Dès mars, les jardins de rochers flamboyants des fleurs jaunes, blanches et bleus, de violettes, primevère, les lilas, la gentiane et le crocus dans un gazon de velours. Déjà, de vrais champs de narcisses fleurissent. Le magnolia est presque passé, mais sur la route les cerisiers sont en fleurs, des beaux buissons rouge feu et d’autres de blancheur impeccable étalent leur splendeur, les lilas embaument l’air, les arbres fruitiers en espalier ornent les murs, l’arôme, le soleil, la brillance, la nature changeant chaque instant, donnant un panorama enchanteur. Les routes de forêt menant à milles endroits, partout cultivées et pourtant d’une façon qu’ils se placent naturellement dans l'environnage, embellissent le beau donné par la nature de Suisse. Sur les routes bordées de végétation de rive de lac Léman on pourrait même se promener jusqu’à Genève!

Maintenant les bateaux circulent dimanche entre Montreux et Genève. Officiellement nous pouvons aller à Montreux le vendredi après-midi et nous allons à pied souvent aller - retour ; ou à pied jusqu’à Glion ; de là jusqu’à Teritet avec le funiculaire. Teritet - Montreux dix minutes, est peut-être la plus belle promenade sur le bord du lac.

J’ai été aussi à Les Avants, en allant de Caux sur la côte de la montagne, on peut y arriver en une heure et demie. C'est une station balnéaire de la montagne en face, Laci et les autres ont été après leur arrivée pour une courte période, jusqu’à ce qu'ils aient été placés ou libèrés.

Cette route de montagne nous rappelle les plus belles parties de notre Transylvanie, de Borszék et de Tusnad. Partout où nous passons, nous disons convaincus : c’est celle-ci la plus belle!. Tout est fantastiquement beau et varié. Entre la température de Caux et de Montreux il y a une différence de 3 à 4 semaines en végétation, nous pouvons ainsi nous réjouir de tout deux fois!


Avant que nos petits-enfants partent, Emil est passé à l’hôtel Maria en face, une maison de repos pour ceux qui restent encore difficilement sur leurs pieds, là ils reçoivent des soins et sont servis, ils mangent mieux et ont plus de tranquillité. Il n’est venu ici que pour le dîner d’adieu aux enfants, que nous avons organisés sur la table de notre chambre avec des bons plats.

Susanna nous a chanté les chansons sérieuses et gaies, émouvantes et chaudes avec sa voix d’ange, qu’on aimait écouter souvent dans les nuits noires et pleines de détresse de la baraque à Bergen - Belsen, où les 120 personnes demandaient : maintenant chante Suzanne !

Le lendemain, sont partis frais, coquets et élégants, douze enfants du camp. Ils étaient si beaux, si charmants que nous les avions appelés “collection modèle”. On a épinglé sur leur manteau un carton « enfant d’émigration ». Le colonel Currson les a accompagnés à la gare et a demandé qu’on les lui présente un à un. Un photographe d’occasion les a pris avant le départ ensemble mais aussi Anne avec ses filles.

Anne s’est tenue héroïquement, mais je me suis effondrée en pleurs de temps en temps. Pendant une année entière, mes chères petites-filles ont été avec nous tout le temps, elles nous ont rempli la vie. J’avais la mission de rester à côté d’elles, de rester en vie pour elles.

On a réussi, après avoir traversé des temps atroces, à arriver dans le plus bel endroit de l’Europe avec elles, nous avons accompli ce que Sanyi, mon cher gendre disait, en me prenant dans ses bras : il doit partir en guerre, au travail obligatoire ; et ce qu’il n’a pas dit mais sûrement pensé à cela, si quelque chose lui arrivait, il serait rassuré de savoir que nous, pouvons rester à côté de sa femme adorée et ses enfants et les soutenir en tout...

Nous sentions que c’était une étape importante et la proximité de ces deux enfants fantastiques nous a illuminé les temps les plus sombres.

Weggis, où les enfants seront, est à six heures d’ici, sur le bord de lac Vierwaldstädt, pas loin de Luzerne en bateau. Ils habitent dans les hôtels près du lac Beau Rivage et Lyon, ont des chambres fantastiques avec de l’eau froide et chaude, déjà en avril ils nagent et font du canotage. La nourriture est excellente, elles reçoivent de tout suffisamment. Je crois que dans un si bel endroit et avec l’éducation soignée, seulement des parents très riches auraient pu mettre leurs enfants même en paix.

Mariette était déjà attendue de la petite Vera Moskovits, son amie inséparable. Elles se querellaient rarement très sérieusement et faisaient la paix rapidement. Mariette a dicté déjà, en arrivant là : « Je ne croyais pas que Vera va s’occuper que nous soyons ensemble dans une chambre, mais elle s’en est souciée ».

Suzanne Heller a été attendue par Annie Heller, sans être de la même famille en réalité, elles se disent parentes, c’est une fille intelligente et ambitieuse de 14 ans. Elles sont quatre par chambre. Des enfants belges, françaises, polonaises, des roumains et hongrois, etc. Ils jouent de ping-pong, font des excursions et blagues. Ceux de plus de douze ans font aussi du travail de maison. Nous recevons souvent des lettres fabuleuses de leur part.

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