27.3.05

Fin juin 1946

Nous sommes partis de Budapest il y a deux ans sur la route, dans le wagon de bestiaux branlant, celle décrit dans cette journal. Depuis deux ans, notre sort, le triste sort juif, nous a jeté sur les routes.

La destinée, amorcé par Hitler en 1933 dès sa venu au pouvoir, la destinée prédit à ce moment déjà dans son article de fond par Ernö Màrton dans le quotidien Ujkelet de Kolozsvàr, que ni à ce moment là, ni plus tard, de millions de juifs n’ont pas voulu, n’ont pas pu croire.

Mon beau frère et ami aimé intelligent, bon, Lajos Tamàr, en mai et juin 1944, il y a juste deux ans, quand nous avons été obligés de raconter, lors nos mardis familiaux, les nouvelles de Kolozsvàr sur le camp de concentration installé dans la fabrique de briques et le commencement des déportations en Allemagne, ne pouvant signifier que le pire, il nous a accusé d’être les colporteurs des fausses nouvelles d’horreurs et nous regardait comme ceux, ayant détruit l’ambiance agréable de la réunion de famille !

Quelle est donc le sort de notre petite famille qui, parmi des millions, est une des familles les plus chanceux d’Europe après la brûlure ?

Nous deux, vieux, vivons, vivent aussi nos enfants, nos petits enfants, nous avons échappés…

Ont été sacrifiés : le mari de notre fille cadet, notre fierté. Une veuve, deux orphelines…
Massacré les parents adorés du mari de ma fille aîné, sa sœur unique avec son mari et sa fille gentille comme une ange.

Disparus à jamais mon cher frère cadet, sa femme, son fils formidable ; une autre de mes belle sœurs fort aimé, âme fine, esprit fort, caractère brillante, qui est mort probablement à cause de son attachement à sa mère ; mon oncle avec toute sa famille, énormément d’autres parents jeunes et plein d’autres parents. Le frère d’Emil avec sa femme a été massacré par les nazis hongrois, tout comme le mari de sa sœur Aniko. Mon beau frère Lajos, rescapé de l’assaut de ville après avoir fuit avec succès de camp, de énorme faim et bombardements, finalement est mort lui aussi, tombant à la suite de ces temps…

Et nous sommes de nouveau ici, dans cette contré magnifique, à Montreux Territet, et dans une hôtel tenu par le « Zentralleitemg der Flüchtelinge » près du lac, sur la belle Rivière suisse, en attendant, mais ne l’espérant pas, le certificat de Palestine : le droit d’immigrer, puisque nous n’avons pas assez de force à retourner dans notre ancien pays, où à chaque pas paraissent les souvenirs de nos chers détruits, où vivent leur tueurs et ceux qui les ont aidés à les massacrer. Plutôt mourir ici, peut-être reposer dans la belle cimetière Tord de Peilzi, qui m’a tellement touché il y a un an quand on conduisait à son tombe la pauvre madame Jenö Szabo, échappée avec nous.

Je désherbe ou je repasse à l’hôtel Bristol les matinées. Emil s’occupe des travaux techniques de l’hôtel. Pour cela, le JL ne donne même d’argent de poche, nous avons de tout façon un bon alimentation de masse.

Nous faisons de très belles promenades jour après jour avec nos amis, comme Lajos et Ilonka Simon. A chaque fois nous gravons dans notre esprit, que tout est belle comme dans un conte, les levés de soleil couvrant d’abord d’un housse rose les montagnes enneigés ; les couchés de soleil, faisant briller comme des étoiles sur le surface de lac, prenant milliers de couleurs et à la fin ils couvrent d’un housse rose des cimes dentelés du Dants du Midi. Et nous découvrons de nouveau, que nous ne pourrons jamais, mais jamais, s’en réjouir avec esprit tranquille (âme), parce que à chaque fois ressurgit en nous tout qu’on a vécu, tous nos pertes flottent continuellement devant nous et se renouvelle la question qui nous pénètre nous tourmentant : pourquoi sommes nous survécus justement nous ?…

Entre temps, nous écrivons et nous attendons des lettres de Palestine, Roumanie, Hongrie, Angleterre, Amérique, de tous les parties du monde où sont restés éparpillés quelques peu entre nos relatifs… Puisque nos aimés, ayant vécu pendant de dizaines d’années dans une même ville, au moins dans le même pays, les nombre de nos parents et amis tellement peu sont restés en vie et même d’eux n’arrive que de lettres … (on ne les rencontre pas, voulait-elle dire ici).

1947 juillet, Territet
Je croyais qu’avec ceci, je mettrait un point sur mes souvenirs. Une année plus tranquille vient s’écouler. Il y a quand même encore quelques choses que je voudrais retenir dans mon souvenir. Je les tape et je les colle sur les pages restant vide de mon journal.

Voilà d’abord le “certificat” humoristique reçu de mon sévère enseignant pour mes 63 ans.
(Je n’ai pas pu le recopier, déchiffrer le certificat écrit par Breggs)

Montreux Territet, juillet 47

Nous nous souvenons…

Les pensés nous accompagnent sans vouloir disparaître, que nous ne pouvons oublier jamais dans cette vie, jamais nous ne deviendrons pas des suisses sans souci - on les oublie jusqu’à une sourire ou rire légère - mais même alors, nous tressaillons, ne nous comprenant pas et tout, tout revient en mémoire de nouveau, les horreurs crus impossibles même à imaginer qui nous sont arrivés…

Voilà une lettre, reçu par les Simon de leur fille (marié dans le camp de concentration à Kolozsvàr et qui n’a pas réussi à échapper en Roumanie malgré cela). Ils ont été emportés tous les deux à Auschwitz. La fille, la jeune Nuci est revenu mais pas son mari.

Elle nous a écrit: (ici la lettre) : (jk je n’ai pas pu la déchiffrer ni la photocopier


Tant Sidonie que son mari vont mourir autour de l'année 1960 en Israel, après la morte de leur fille Katinka, lui et après la réunion entre elle et moi, pour ma grand-mère. Elle nous a eu près d'elle, moi, mon mari et Agnès, l'arrière petite fille.

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