27.3.05

Les Avants, août 21 1945

Les Avants, 27 juillet 1945

Hôtel des Sports où nous habitons est plus intime que l’Esplanade de Caux. Notre chambre et les autres aussi sont par contre extrêmement petites, les lits sont en réalité des lits de camps en bois et moi j’ai seulement un paillasson par terre. Nous trois, Emil, Anne et moi, nous pouvons à peine bouger dans la chambre. Anne dit, qu’ici, quand un homme entre, deux doivent sortir. Mais il y a dans l’hôtel une salle de lecture agréable.

Nous avons été en permission à Genève et entre temps à Glion s’est déclarée une épidémie de typhus (7 cas), et bien sûr on cherchait entre les réfugiés les propagateurs de l’épidémie. Ils ont décidé la quarantaine et nous avons été obligés à rentrer aussitôt. Après trois piqûres et trois semaines de quarantaine et toutes sortes des examens, il s’est avéré que ce n’est pas nous qui avons apporté l’épidémie.

Entre temps, Anna a obtenu une chambre pour elle toute seule.

Il faut reconnaître que la quarantaine n’était pas trop sévère. En réalité, nous avions de liberté absolue, reconnaissons-le. Le soldat qui nous surveillait la nuit et le jour devant notre porte, le symbole de notre liberté, n’était là que pour la forme. Schmith, le comandant est gentil, agréable et compréhensif avec les problèmes de notre groupe.

Hier, Anne avec Suzanne et Mariette sont partis vers Palestine.






La copie de début de ce journal (ci-dessus) recopié sur la machine à écrire en 21 pages par Sidonie donné à sa fille cadet Anna (Anci Heller Weiss) avant leur départ. Écrit pour sa famille, sa fille Katinka et ses petits enfants.

Donné en 1968 aux conservateurs de Yad Washem traduit en allemand et l’original hongrois.
En 1999 on a retrouvé le manuscrit (le cahier) original, dans lequel, après la départ de sa fille Anne, Sidonie a continué de noter son odyssée. Il a été déposé par une de mes cousines au musée de Holocauste de Jérusalem. Anna Weiss en a reçu une copie ainsi que son fils qui m’en a envoyé à moi (Julie, la seule petite fille de Sidonie qui n’a pas été avec elle pendant ses péripéties. J’ai commencé à la traduire, voilà son premier jet. Je l’ai aussi traduit en anglais et un américain sur le Web a corrigé cette version anglaise.

Voilà la suite de récit de Sidonie, ne figurant pas dans la première version dactylographiée, donné à sa fille lors le départ de celle-ci, mais qu’elle a ajouté dans le cahier original (dont j'ai la photocopie et qui est en hongrois).




Les Avants, 21 août 1945

Hier sont partis Anna et ses deux filles.

Entre beaucoup d’émotions nous avons découvert que la première groupe partira le 17 août vers Palestine. Ils ont lu les noms ceux qui y seront. Il y avait 700.

Le bateau américain les attend en Italie, ils resteront là seulement quelque jour dans un camp ONU. À partir de la frontière, c’est les Américains qui s’occuperont du groupe, on dit largement.
Grandes préparations. On coud, on achète, on trouve ce qu’il faut encore. On distribue de l’aide spécialement pour cela. Anna a été pourvue royalement par son frère. On essaie de trouver différentes choses, dont on dit qu’on ne peut pas trouver là ou difficilement.

Susanne et Mariette sont venu il y a une semaine en vacances, pour qu’on puisse leur dire au revoir. Pierre est aussi chez nous cette semaine. De nouveau notre vie est colorée, seulement la séparation qui a jeté d’ombre d’avance. Les larmes d’Emil coulent sans cesse.

Les enfants sont retournés déjà. Nous avons accompagné Anne jusqu’à Brigue. Les différents groupes vont se rencontrer à Montreau et prendre le même train spécial. Laci va le prendre aussi. Le train ne s’arrêtera qu’à Baix, là nous apercevons le défilé des jeunes des trois internats spéciaux, en rangé ordonné, dans les mêmes vêtements, avec beaucoup des drapeau blanc bleu et de différentes formes, chantant des chansons hébreux, les enfants, entre eux Susanne et Mariette.

Quel sentiment, quel événement !

Après cela, tout au long, après qu’ils sont venus avec nous et autour de nous, ils chantonnent, nous les avons accueillis en les gâtant heureusement.

En arrivant à Brigue, qui est elle aussi une des villes charmantes de Suisse, les de montagnes et de collines tout autour l’étreignent : d’abord une colline, derrière une petite montagne, puis des chaînes de montages enneigés ! Nous partons dans le camp se trouvant derrière la gare, qui nous rappelle, hélas, à cause de barbelés l’entourant de mauvais souvenirs, mais bien sûr nous pouvons sortir ou entrer librement, on n’était pas arrêtés que pendant qu’ils s’occupaient du contrôle de douane qui n’était pas trop sévère non plus.

Les groupes d’enfants ont été placés au cœur de la ville dans une grande école. De là ils ont visité plusieurs fois la ville, en se promenant en groupe et en chantant, en disant se séparant de Suisse, ce pays libre et fantastique, qui leur a offert autant de belles et bonnes choses pendant presque neuf mois. Librement, sous leurs propre drapeaux, dansant l’Hora, chantant leurs propres chansons à haute voix, les voir et les écouter ! Le plus beau était, que c’étaient nos propres enfants et petits-enfants ! Assis sur un banc, grand-mère et grand-père, nous pleurions, nous rions… On n’arrivait pas à assez embrasser nos petits-enfants qu’on revoyait de nouveau et encore.

La séparation d’Anna a été plus tranquille.

Elle part si rayonnante à ce voyage qu’elle a décidé d’avance, dont elle n’a jamais hésité (comme la plupart des autres qui avaient de difficulté de décider : « aller en avant ou se retourner ? »), elle était si rayonnante que cela a déteint aussi sur moi et nous lui avons dit au revoir avec plus de tranquillité, avec beaucoup d’amour et espérant dans un avenir plus beau et meilleur. Dezsö Weiss l’a aidé avec attention, tendresse en tout. Laci l’a pourvu, pour qu’elle a de quoi vivre pour environ une année, si elle ne peut pas commencer à gagner aussitôt arrivé, pourtant c’est presque sure qu’elle réussira. Ils ont aussi pris avec eux une représentation de montre avec Moskovitz, qui pourrait aussi l’aider.

Le soir, nous sommes partis et nous sommes arrivés en retard à Les Avens, (minuit et demi), mais le soldat de service nous a ouvert la porte gentiment et nous a laissé entrer amicalement, comme un portier. Seulement ont ne lui a pas donné de pourboire.

Autrement, Schmidt, lui-même a accompagné le groupe et l’a aidé en tout. Avant le départ, Dezsö a organisé une soirée d’adieu, dans laquelle ont participé aussi les notables de lieu, les soldats, les dames de FHD. Il a parlé des mérites de Schmidt, on a tenu divers discours, récitations, puis des chansons hébreu et yiddish.

Cette fois le « panem et cirenses » a été distribué ainsi : nous avons reçu de « panem » (puisque Suisse nous nourrit et à Les Avants bien, par exemple avec tomates, poires, pommes, prunes, et même un ou deux pommes par jour !) et pour amuser le peuple affamé du village, ils attendaient de nous le « circonsens ». À peine voulaient-ils partir et il fallait les distraire encore et encore.

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