27.3.05

Les wagons partent

Plusieurs jours de progression fort lente s’écoulent, nous sommes finalement arrivés à Mosonmagyarorvàr, à peine à quelques heures de Budapest. On a mis le train de 35 wagons sur une voie de garage et l’on nous a donné le droit de camper. Nous nous nourrissons avec ce que nous avons emporté et avec de la nourriture emportée par les chefs. Avant notre départ à Budapest , nous avons dû confier tout notre argent et nos objets de valeurs aux chefs, étant entendu qu’ils nous le restituaient en Palestine.

Comme on avait placé 40 à 50 personnes dans chaque wagon à bestiaux, à la fois seulement la moitié pouvait se coucher serrée les uns contre les autres. À Mosonmagyarvàr, pendant la journée, quand le temps le permet, nous allons à l’air libre. Pour que le temps passe on enseigne nos enfants par groupes, surtout l’hébreu. Au début, nous avons pu acheter des aliments dans le village voisin, mais rapidement on nous l’a interdit.

Notre arrêt est fort inquiétant. Le camp est de plus en plus bouleversé.

Finalement, le huitième jour, mon fils Laci s’est proposé de rentrer à Budapest, pour avertir nos chefs restés là-bas. Il a des papiers lui permettant de ne pas à porter l’étoile Jaune. Il s’en trouvait quelques autres dans son cas. On ne sait même pas si c’est les Hongrois qui ne nous laissent pas continuer et pourquoi ?

Suit alors une journée extrêmement angoissante. D’un coup, la nouvelle arrive que nous partons. Mon fils n'est nulle part. Sa femme désespérée déclare qu’elle reste avec ses enfants, mais d’après l’avis de tous Boriska serait ainsi menacée davantage et ils pourraient se retrouver encore plus difficilement.

Le train est parti. Boriska s’est donné du temps jusqu’à Komàrom.

À Ovàr, la nouvelle s’était répandue qu’on nous menait à Auschwitz. Un des employés du chemin de fer avait dit en secret que les Hongrois l’avaient décidé et qu'ils avaient envoyé un ordre de cette nature. Quand nous avons demandé "où est-ce", on nous a répondu que c’est l’endroit en Galicie où l’on détruit les déportés en masse avec gaz et autres moyens. Pour nous rassurer, ils nous disent qu’on nous emmène non pas à Auschwitz mais a Auspitz, un camp près de Vienne, où nous resterions seulement deux ou trois jours. C'est alors qu'est née la blague : Quelle est la différence entre Auspitz et Auschwitz? Celle entre Sion et le Cyan.

La route est longue et difficile (elle aurait dû durer seulement deux heures). On est au comble de l'inquiétude, nous les deux vieux, à travers la porte du wagon, regardons si Laci n’apparaît pas sur un des trains passant à Ovàr.

Le train continue doucement sa route et déjà nous sommes arrivés devant Komàrom.

Grande agitation entre les 1600 gens, la nouvelle passe comme un éclair à travers les 35 wagon: Laci est arrivé ! Tous attendant les nouvelles apportées par lui. Elles sont relativement rassurantes. Il a réussi de parler avec les organisateurs et ils suivent notre voyage : « Il y aura encore des difficultés, des problèmes, mais rien de mal ne va pas nous arriver. » Tous ont respiré, soulagés.

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