27.3.05

Mon frère Hugo m’écrit

Le 20 août mon frère ainé, Hugo, m'écrit.

Voilà quelques détails de sa lettre :

Nous sommes à Pilsen en route vers la maison, mon bru Pista est resté à Erdeng. Je rentre à Kolozsvàr, ensuite ou je reviens, ou Pista rentre aussi. Hélas, depuis Auschwitz, on n’a aucune nouvelle de ma femme Irène et ma fille Judith. Il paraît que mon cadet, Eve, est à Stockholm. Essayez de la retrouver, vous aussi. Il paraît que notre maman est en vie. Je n’ai aucune nouvelle de mon frère Kàroly ni sa famille.

J’ai vécu des choses absolument horribles, mais j’existe. J’ai retrouvé Edith Hirsch qui travaille pour les américains. Demandez vous aussi mon frère Jozsi de Roumanie de chercher ma fille Éva, au moins que je puisse la sauver.

Les choses d’argent (il en parle) ne sont pas importantes, rien n’est important, sauf qu’Irène, Judith et Éva soient retrouvées, sauves. Peut-être j’ai encore d’espoir, parce que je n’ai aucune nouvelle sûres d’elles, jusque maintenant je n’ai pas trouvé personne qui les aurait vus. Quelqu’un aurait entendu de quelqu’un d’autre qu’en octobre dernier, elles auraient été encore à Auschwitz, mais dans un très mauvais état et elles ne réussissaient plus à supporter la faim, etc. Malgré tout, je crois encore en Dieu !”

Éva est en vie, mais Irène, Judith ??? (his wife and one of the daughters, helas...)

Mais comment est resté en vie Éva ?! Quand elle s’est enfuie à Torda, en Roumanie, où l’attendait des papier roumains, que son fiancé Serban Raoul lui avait trouvé, elle a été rattrapée et donnée dans les mains de Gestapo qui l’ont ramenée et tenue pendant un temps dans la cave de leur merveilleuse maison (Péter Pàl), puis l’ont mis en prison, puis elle est arrivé de là dans le camp de concentration de fabrique de briques de Kolozsvàr. Le jour de grand bombardement de Kolozsvàr est s’est échappé, elle s’est cachée chez son ami Raoul.

Des détectives ont attrapé la fille de Lajos Simon avec son jeune mari (à qui on l’a marié dans le camp de concentration en espérant qu’il va le prendre en Roumanie.) Ils n’ont pas réussi, ils l’ont interrogé, où peut?on retrouver Éva (ils ne savaient que son prénom). Ils l’ont obligé de divulguer le nom de Mici, qui était la seule sachant où elle se trouvait cachée. Ils sont ensuite allé chez lui, le détective, disant qu’il est le chauffeur de Laci et qu’il veut emmener Éva à Budapest. Mici, la secrétaire chrétienne fidèle et bon depuis des dizaines d’années de Hugo les a alors emmené là-bas, ensuite il a sorti son revolver et a tiré Éva avec lui (avec un deuxième qui est paru d’un coup).

Eva est arrivé à Auschwitz, de là dans plusieurs camps, elle n’avait plus que 36 kilos, à peine pouvait-elle supporter la faim, ils l’ont obligé de partir pour fuir des anglais à Bergen-Belsen, de là près de Hambourg, finalement, ensemble avec 10000 autres déportés. 1000 entre eux était déjà presque mort de faim juste avant qu’on les tue, et quelques jours avant la paix, la Croix Rouge Suédois les a sauvés. J’ai reçu d’elle une lettre fort triste. Elle avait compris, d’un télégramme erroné, que son fiancé Raoul ne vit plus. “Je voudrais être à la place de ma sœur Judith”.

Elle n’espérait plus du tout que Judith ou son mari vivent encore, son fiancé Raoul, non plus. Il s’est avéré depuis que Raoul, pendant les bouleversement, est probablement prisonnier politique.

On ne reçoit que des télégrammes de Roumanie, et même cela par voix détournées. C’est ainsi que nous avons reçu de notre Katinka à travers Jozsi mon frère de Londres le télégramme “nous attendons la famille D.i qu’il retourne à la maison”. La famille de Jozsi a vécu à Londres pendant la guerre “bombes ou pas bombes” écrit-il, tous ont survécu. Ils se sont multipliés, comme s’est la tradition familiale est il y a déjà Quatre S. anglais à Londres, le plus petit, Derek vient d’avoir quatre ans. Jozsi m’écrit avec chaleur fraternelle, il pense beaucoup à nous, ils sont fort bien, il nous a envoyé deux photos. Il a un studio photo. Ainsi il a réussi de faire une affaire fleurissant de son hobby. C’est vrai, qu’il faisait toujours de très bonnes photos.

Et toi, mon cher frère Karcsi, vas-tu encore apparaître ? Je te sentais presque comme mon fils et tu tenais à nous aussi ainsi, combien nous nous aimions!!

Et André, mon petit neveux, qui d’après ton poème qui a reçu un prix au lycée, dans lequel tu disais “je porte avec fierté mon étoile jaune” ?

On ne peut pas, on ne peut pas s’y faire à ces tragédies, jamais on ne peut pas les oublier. Il n’y a pas de promenade aussi belle, il n’y a pas d’écoute de bonne musique, intermezzo gai, au-dessus lequel ne passe pas le sentiment de tristesse, que le cœur de l’homme ne s’assombrisse, qu’il ne pense pas de nouveau et de nouveau sur les tragédies innombrables des gens connus et inconnus, dans un chagrin inconsolable !

De temps en temps, dans cette tristesse grand comme l’océan, il y a une goûte de bonne nouvelle. Poly, l’épouse de S. Pista (lui aussi après qu’il s’est enfui et a été pris à la frontière est arrivé à Auschwitz) a échappé, elle est à Bucarest. Mon frère Tivadar avec sa femme et sa fille, se sont aussi échappés. La famille de mon frère Aurel aussi, en Roumanie, ils ont eu fort peur pour le petit Adam, pris aux travaux forcés.

Juci, la sœur cadette d’Emil, l’architecte Tivadar Kocsis l’a épousé, celui qui l’a caché pendant la guerre. Par contre, le mari de Aniko Déri a péri…

Sur le frère cadet d’Emil, Erno, on a des nouvelles contradictoires. La première, que les SS hongrois l’ont tué. Il est en vie, dit l’autre. Nous ne savons pas encore pour sûr.

Le “rideaux de fer” entre les secteurs russes et celui anglais/américain est tombé, il est très étanche, presque impossible de le passer, et c’est pourquoi on ne sait plus que très peu de choses venant de Roumanie et de l’Hongrie. Seulement à travers Chehoslovakie et Angleterre transparaissent un peu des nouvelles, de temps en temps.

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