27.3.05

Pour nous occuper

Pour nous occuper un peu, le WIZO etc. donne quelques spectacles dans les différentes baraques, ceux qui ont de talent chantent ou récitent des poèmes. Bela Zsolt, l’écrivain célèbre a donné une série conférences intéressants : 1914 à 1939, les deux guerres, etc. Certains donnent des spectacles, des « journaux vivants » avec des blagues actuelles avec le titre « carottes, oh carottes » se plaisantant sur différents problèmes de camps.

Dans la partie ambulance, séparé par une armoire, un petit groupe se rencontre chaque soir dans le noir (Anne aussi), chansons, poèmes, discussions et même, une ou deux fois, Anna et une autre femme ont dansé, éventuellement près d’une bougie. Mais l’utilisation de la bougie est punie, en privant de cigarette (sept par semaine) ce qui est une grave punition, parce qu’elle joue le rôle de monnaie d’échange ; à la place on peut obtenir un surplus de pain ou autre chose de valeur.

Il y a différents services : service de distribution d’aliments, service d’économie, service de discipline, etc.

L’absence des livres m'est aussi un grand manque. Seules certains entre nous en possedons un et l’on peut les obtenir seulement pour une demi-heure et même fort rarement.

Il y a aussi des groupes d'études de l’anglais et de l’hébreu, l’école « obligatoire » (une à deux heures par jour) mais seulement tant qu’on a pu enseigner dehors. Moi aussi j’enseigne des petits poèmes et des chansons français, pour amuser les plus petits en même temps que mes petits-enfants.

On essaye donc tout, pour donner du courage aux masses. Malgré tout, les parents avec leurs enfants, les amis avec leurs amis, l’inconnu avec l’inconnu sont irascibles, querelleurs et nerveux. Mais peut-on s’en étonner ?



Enfin, quelques nouvelles entrent: jusqu’à maintenant nous étions hermétiquement isolés même des nouvelles mondiales. Le 10 août, on nous a distribué des cartes postales sur lesquelles on a pu écrire 25 mots censurés, demandant des paquets.

Jusqu’à maintenant 4 - 5 ont reçu des réponses, une lettre recommandée ou de l’argent qu’ils ont envoyés surtout pour donner signe de vie. D’eux, nous constatons avec joie que ceux qui sont restés à Pest dans des maisons avec étoile n’ont pas été déportés et donc notre peur qu’on les déportera de là est pour le moment sans fondement. Entre temps, on raconte que Kolozsvàr à été occupé par les Russes et les Roumains ensemble.

D’après les journaux allemands, les Roumains ont rompu avec eux (les allemands) et ont changé de camp méchamment (en se raliant aux Russes).



Les fêtes d’automne, nous ont trouvés ici, à Bergen-Belsen.

Nous avons vidé et décoré une des baraques avec des moyens primitifs et je crois que dans aucune grande cathédrale juive, on n’a jamais tenu encore un service plus émouvant. Tous sanglotaient quand un de nos rabbins a entonné « la cohorte en loques » de bon Dieu qui, à travers toutes les épreuves, confiante dans la promesse, attend la délivrance et l’arrivé à la terre promise !

Aucune nouvelle direct de Laci et du groupe parti en Suisse, seulement madame Brand a écrit de Budapest à travers un courrier allemand : dommage que grand-mère n’ai pu partir avec Laci. Donc à Budapest ils ont reçu des nouvelles de leur arrivée. En même temps, quelqu’un de Budapest a envoyé une lettre à sa famille d'ici, écrivant qu’il a reçu des nouvelles de Montreux : « ils habitent dans un hôtel. » M o n t r e u x ! La plus joli endroit de l’Europe ! Au moins si on savait si mon petit Thomas est guéri ?



Octobre 12 1944
Les journées passent toutes pareilles, de jour en jours nous sommes pire du point de vue santé ou nerveux. Le matin, nous attendons 11 heures ou midi, pour pouvoir « déjeuner ». Notre estomac réclame.

Á cause du temps qu’il fait, l’APPEL est toujours le moment le plus pénible. Nous nous rassemblons difficilement 5 par rang, maintenant le plupart de temps sous la pluie froide tombant à verse. Nous attendons souvent même une à deux heures, jusqu’à ce que les gardiens allemands arrivent pour nous compter. Si un seul manque (dû à une erreur ou à la liste des malades mal établie, etc.) ils recommencent à nous compter, encore et encore.

Nous sommes de plus en plus mal préparés à ce climat froid. Tenant compte de tout cela c’est encore étonnant qu’il n’y a pas eu plus de maladies graves, comme il y en a eu au début.



Je croyais, qu’il n’y aurait plus rien de nouveau valant la peine d’être noté sur notre vie. Depuis quelques jours, nous sommes horriblement troublés, nous avons réussi à entrer en contact avec un groupe des femmes entre 18 et 30 ans, internées arrivés récemment à Bergen-Belsen, dirigés ici. Elles sont d’origine de Transylvanie et diverses autres villes de province de la Hongrie. En secret, dans leurs lettres passées à travers la cuisine, elles décrivent, qu’elles sont arrivés pour travailler ici d’Auschwitz. Elles ont des cheveux tondus! N'ont qu'un seul vêtement et sous-vêtement. On les a séparées de leurs enfants et de leurs parents. Elles trouvent ici la nourriture fabuleuse relativement à là bas.

Plusieurs entre elles ont de membres de familles en notre groupe et elles ont réussi à transmettre de nouvelles. La correspondance et extrêmement dangereuse et la plus grande punition attend ceux qu’on découvre. D’après elles, Auschwitz était le plus grand «Vernichtungslager» (camp de concentration), mais il n’existe plus.
(PS. probablement, déjà dans les mains des troupes russes, ces femmes ont dû être évacués avant cela, Sidonie ne pouvait le savoir.)

Il parait, au moins on espère qu’il sera ainsi, que les internés vivants servent davantage. C’est horrible, on a séparé même les tout petits enfants de leurs mères. Même d’après la méchante et dure Schaarführerin, une femme soldat dure, certaines femmes sont dans un état à fendre l’âme et un état nerveux épouvantable.


La fièvre d’échange
est entrée dans le camp. Les prix sont déjà établis. Comme, contre une somme plus grande donnée par nos responsables, on distribue ces dernières semaines, chaque semaine des cigarettes aux fumeurs, ceci est devenue la monnaie d’échange. Les fumeurs passionnés échangent même leur petite portion de pain pour en avoir. On échange la margarine contre marmelade, de la caillebotte avec du pain, des chaussettes chaudes contre des chaussures, des vêtements, du pain.

Il y a même déjà des intermédiaires spéculateurs. Ils essaient maintenant d’ouvrir le « marché noir » obtenir pour que l’échange soit libre. Ils le faisaient même quand c’était défendu. C'est de cette façon que nous avons réussi à trouver quand même pour notre Thomas malade le médicament indispensable à sa survie à l’époque.

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